« Nous naviguons à vue, bousculés par les événements. Il nous faut reprendre un cap, une nouvelle direction. »

Le retour à la terre selon Boris Cyrulnik :

L’humain transhumant existe depuis toujours. Mais, aujourd’hui, il change de pâturages à chaque génération

« J’ai connu la génération où les paysans fuyaient la campagne pour venir à la ville parce qu’à la ville, on vivait, on travaillait alors que la campagne, on mourrait. J’ai fait les dernières moissons d’avant-guerre où tout le monde participait à la moisson. C’est pour ça qu’il y avait trois mois de grandes vacances : tout le monde participait à la moisson. Et puis, les paysans devenaient seuls, endettés, alcooliques. Et pour ne pas être trop malheureux, ils venaient à la ville où ils trouvaient du travail.

Quand je suis arrivé au monde avant la Seconde Guerre mondiale, il y avait deux mégapoles – aujourd’hui, il y en a vingt. Donc ça veut dire que maintenant, les conditions de vie à la ville sont tellement dures que les gens veulent retrouver le rythme de la campagne. Et maintenant, grâce aux machines, on peut de plus en plus travailler à la campagne. »

« Nous naviguons à vue, bousculés par les événements, et nous rendons là où le vent nous porte. Il nous faut reprendre un cap, une nouvelle direction, car nous venons de comprendre, à l’occasion de la pandémie qui vient de frapper la planète, que l’homme n’est pas au-dessus de la nature. Il n’est pas supérieur aux animaux, il est dans la nature ».

Extrait de : Boris Cyrulnik : « Les jeunes ont perdu le sens, ils ne rêvent plus ». France Inter le 8 février 2021

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